La première oeuvre achevée de Robert Mallet-Stevens
Cela faisait des années que je rêvais de visiter cette célèbre villa que l'architecte Robert Mallet-Stevens a réalisée pour Charles et Marie-Laure de Noailles sur les hauteurs de Hyères, dans le var.
La villa, considérée comme l'une des premières constructions françaises du style moderne, fut réalisée en plusieurs étapes ; la première partie fut achevé en 1925, mais des extensions vont se succéder jusqu’en 1933.
Jusqu'alors Mallet-Stevens avait surtout travaillé pour des décors de cinéma qu'il considérait comme un art à part entière. Il a fait notamment ceux du film L'Inhumaine de Marcel L'Herbier, en collaboration avec Paul Poiret pour les costumes et Pierre Chareau pour les meubles... Il avait également entreprit la construction d'une villa pour Paul Poiret dans les années 1920, mais elle resta malheureusement inachevée en raison de la faillite du couturier !
La Villa Noailles fut donc le premier chantier achevé de l'architecte !
La Villa Noailles à Hyères
L'expression du mouvement rationaliste
Luminosité, fonctionnalité, économie décorative, ouvertures maximales vers l'extérieur grâce aux grandes baies vitrées et aux terrasses...
C'est en fait une maison très simple et baignée de soleil que souhaitent les commanditaires.
Les chambres y sont de petites dimensions, quasi monacales, mais pratiques car avec des placards intégrés. Chacune avec sa salle de bains car l'hygiène est essentiel pour les de Noailles. Il y a en aura 15 en tout une fois le bâtiment achevé totalement ! Avec bien sûr chauffage central et téléphone.
Les vitres y sont coulissantes... ou rentrent dans le sol comme au Rez de Chaussée !
Des horloges murales électriques de Francis Jourdain, toutes réglées à la même heure, seront présentes dans chaque pièces, pour que chacun soit à l'heure aux repas !
Si la maison n'a (que) 500 m2 en 1925, elle en aura 2000 lorsque seront adjoints la piscine, un squash et un gymnase !
La vue sur les extérieurs y est essentielle, d'où les terrasses !
De la chambre de monsieur, on accède sur une terrasse et à une "chambre de plein air" d'où l'on peut voir le panorama et la mer.
Les portes conçuent par Jean Prouvé se replient ou se referment complètement en fonction des besoins !
L'aménagement intérieur, simple... mais élégant !
Sur les conseils de l'architecte, il fut fait appel, pour la décoration et le mobilier à des artistes comme Théo van Doesburg, Djo-Bourgeois, Eileen Gray, Pierre Chareau ou encore Charlotte Perriand...
Luminaires de Jean Perzel, ferronneries de Claudius Linossier, vitraux de Louis Barillet, sculptures des frères Martel... je ne peux tous les citer tant il y a d'artistes dont les talents ont contribué au prestige du lieu !
Une chambre, avec un tabouret de Pierre Chareau
Suspensions de Jean Perzel et horloge de Francis Jourdain.
La piscine
La piscine est célèbre par les photos tirées du film "Les Mystères du Château de Dé" de Man Ray réalisé en 1929 dans lequel on peut voir les nageurs plonger, faire du trapèze ou monter à des cordes...
Pour les curieux : Les Mystères du Château de Dé . On peut y découvrir la villa à l'époque, le film ayant été commandité par le vicomte de Noailles lui-même pour y mettre en scène sa demeure !
La piscine dans "Les Mystères du Château de Dé"
Le plafond de la piscine est impressionnant ; il forme une composition néo-plastique* constituée de poutres, de panneaux aux plans décalés et de pavés de verre.
Le plafond de la piscine de la villa Noailles (on remarquera l'horloge !)
Sur les côtés, de grands miroirs renvoient la lumière des baies vitrées.
Aujourd'hui, la piscine a été vidée et recouverte de grandes plaques de verre... J'espérais y voir de l'eau !
*le Néoplasticisme est une mouvement artistique né aux Pays-Bas à partir de la revue De Stijl fondée en 1917 par le peintre néerlandais Théo Van Doesburg.
Les extérieurs
Devant la villa, s'étend une grande pelouse encadrée par un mur percé de baies qui forment des cadres pour le paysage...
Comment ne pas parler des jardins vu que Charles de Noailles était passionné de botanique. Dès 1925, il fit planter un maquis méditerranéen au nord de la villa et un jardin en terrasse en contrebas. Ce dernier qui s'étend sur quatre hectares est maintenant un parc municipal ouvert au public ; le parc Saint-Bernard.
L'arrivée vers la villa.
Le parc Saint-Bernard
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